A Padoue, dans les six histoires de Joachim et Anne, dans la bande supérieure de la parois de droite, qui racontent comment Joachim a été chassé du temple parce qu’il n’avait pas d’enfants, comment il s’est réfugié sur les montagnes au milieu des bergers, comment Joachim a fait un sacrifice propitiatoire favorablement accueillit par Dieu, ensuite l’annonciation de la naissance de Marie et la rencontre de Joachim et Anne à la porte d’or, Giotto traduit une histoire ayant un dénouement heureux, au ton paisible, dû à la présence du paysage rocheux. Il faut noter que le seul motif architectonique de l’histoire qui, très symboliquement définit la maison de sainte Anne, est réalisé avec le même sens concret que les maisons d’Assise, mais ici il acquiert une clarté supérieure. Les figures y sont décidément à l’étroit comme on les voit ensuite dans les fresques avec la Naissance de Marie où apparaît de nouveau cette même architecture, et comme on le voit ici du fait que l’ange entrer par la force à travers la petite fenêtre. Mais à la fin c’est justement ceci qui finit par en souligner l’épaisseur réelle et le caractère concret.
Dans les six scènes suivantes, sur la paroi en face, sont représentées la Naissance de Marie, sa Présentation au temple et quatre scènes relatives au Mariage. Cette série reste elle aussi fidèle au principe de l’élément architectonique unique. La maison de sainte Anne est la même, le temple est celui qui se trouve dans Joachim chassé du temple, mais vu presque du coté opposé.
Dans les fresques de la chapelle Scrovegni(1304-1306), dominent un style d’une expressivité fluide, des volumes sobres et un sens équilibré de la couleur. Giotto réussit à traduire l’émotion qui se dégage des récits évangéliques. A ce titre, Le Massacre des Innocents est une peinture exemplaire: l'expression de douleur des mères, l'inflexible dureté des assassins et la tranquille détermination d'Hérode continuent d'exercer sur le spectateur, par-delà les siècles, leur magnifique puissance d'évocation. Un subtil déploiement de couleurs, ainsi qu'une grande clarté narrative finissent de faire de cet ensemble pictural un grand moment de lucidité dans l'histoire de l'humanité.
Par rapport à Assise, la matière picturale des fresques de la chapelle Scrovegni est plus dense et souple. Le ton de la narration est solennel et élevé, mais calme et serein. Les figures principales du récit ont toujours une attitude majestueuse, mais ne manquent pas de qualité humaine. Toutefois, dans les histoires de la chapelle Scrovegni, on retrouve également toute une série de personnages de second plan, dont la dignité est soulignée par l’expressivité, par des caractéristiques de physionomie, par la vivacité des attitudes. On peut citer comme exemple des soldats et des canailles qui torturent le Christ dans les scènes de la Passion, ou bien des compagnes de sainte Anne dans la Rencontre à la Porte d’Or.