Giotto, un renouveau du langage pictural Italien ?

Restitution de l'espace

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Des espaces en boîtes

Giotto ne représente plus des scènes sur un fond dorée mais dans un cadre réel, naturel ou architectural. C’est avec ce dernier qu’il parvient à une réelle impression de profondeur. Il place ses personnages dans des églises, des palais ou des maisons. Ils sont tous représentés sous forme de boîtes ouvertes sur l’avant. Il tire ses représentations d’observations faites avec son maître Cimabue. En regardant des bâtiments de l’autre côté d’une rue, ils avaient constaté un phénomène intéressant. Ils savaient que les constructions étaient faites d’angles droits pourtant, les toits et les murs semblaient tordus par rapport à ces angles. Ils sont donc entrés dans une représentation non de ce qui était mais de ce qu’ils voyaient.

A Assise on peut voir cette perspective dès les deux tableaux de la vie d’Isaac sur le Transept mais on trouve aussi beaucoup d’exemples dans la vie de Saint François. L’approbation de la règle par Innocent III est un parfait exemple de ces boîtes dont nous parlions. La scène est ouverte comme une fenêtre par laquelle nous regardons pour assister à la scène. Nous pouvons constater avec quelle précision Giotto représente les architectures. Il souligne la perspective avec les arcades et les plinthes. Le Rêve de Saint Grégoire est aussi un très bon exemple.
Dans le rêve d’Innocent III , il parvient à représenter deux réalités parallèles : le sommeil et le rêve. Les colonnes servent de cadre aux deux scènes.
Dans le renoncement aux richesses, Giotto représente deux ensemble architecturaux. Il s’applique à les représenter selon la même logique de perspective.
Nous pouvons finir avec l’exemple du « Christ devant le crucifix de Saint Damien »…. Giotto affronte une nouvelle difficulté, il représente une église littéralement éclatée. Il joue donc sur les perspectives en montrant des vides et des pleins. C’est une preuve de sa maîtrise.

A Padoue, dans les fresques de la chapelle Scrovegni, les boîtes n’occupent plus la presque totalité d’une champ pictural, mais par leur présence elles le transforment en une région-pou-les-lieux. Les architectures servent soit , comme dans la Pentecôte, à abriter l’ensemble d’une scène, soit, plus souvent, comme dans " l’Annonciation » ou la présentation de la Vierge au temple, a marqué, et ainsi à les différencier les protagonistes de l’action. Dans tous les cas, cela permet de tridimensionnaliser l’espace. Les pleins et des vides permettent alors de définir une variété de lieu sur une même scène. Cette multiplication des boîtes locales permet d’augmenter le nombre de personnage sans faire foule.
Dans L’annonce à Sainte Anne, l’espace est divisé en deux parties et permet de présenter deux personnages et deux actions. On retrouve le même principe un peu plus loin dans La naissance de la Vierge. Nous pouvons encore citer les exemples des Noces de Cana, La flagellation ou Le Christ parmi les docteurs qui présente une architecture complexe et, de surcroît, circulaire.