Nous avons parlé de la maîtrise de la perspective par Giotto mais, il ne faut pas oublier qu’il est le premier à s’en préoccuper c’est pourquoi nous pouvons noter quelques incohérences. C’est la preuve d’un tâtonnement. Ainsi, des études de géométrie mettent en évidence la pluralité des perspectives qu’il utilise. Ainsi, dans le seul ensemble de Saint François d’Assise, Giotto utilise dans une perspective cavalière dans l’Extase, éclatée pour la mort du gentilhomme de Celano et doublement éclatée pour « la guérison du blessé de Léride ». Il utilise aussi une dimétrie pour la fondation des clarisses une perspective centrale pour l’apparition à Grégoire IX. Enfin, dans le prêche à Honorius III , il utilise une perspective à deux points. Il faut aussi noter, l’inexistence d’un point de fuite fixe dans les fameuses boîtes.
Mais, il ne faut pas nier pour cela l’apport de Giotto dans la perspective. Plus encore, il faut voir ici la manifestation d’un phénomène de société. En effet, représenter un dessin en perspective c’est se soucier du point de vue du spectateur. Il est par là introduit dans la scène. Mais c’est aussi placer les saints dans un univers plus réel. C’est en contradiction totale avec la tradition du croyant de l’époque qui se prosterne devant une icône. Il faut donc voir ici la désacralisation du monde religieux au profit d’un intérêt pour le monde réel et l’individu. Nous sommes aux prémices de l’individualisme. C’est pourquoi la démarche de Giotto est novatrice tout d’abord d’un point de vue artistique mais aussi idéologique.